Pour assurer la compétitivité des industriels, l’intelligence artificielle a déjà prouvé son potentiel. Elle permet par exemple de détecter une panne d’équipement deux à trois mois en avance. On peut aussi, avec les jumeaux numériques, simuler le bon fonctionnement d'une nouvelle machine et gagner 50 % de temps au moment de son installation. C’est un formidable accélérateur.
Demain, elle doit permettre de répondre à des enjeux critiques insolubles aujourd’hui, par exemple l’amélioration des processus de fabrication dont la qualité est difficile à maintenir dès qu’on accélère les cadences…
Mais toutes les entreprises industrielles sont-elles prêtes ? Dans la dernière version du baromètre de l’industrie 4.01, on apprend que 88% des industriels mènent des projets dans les domaines de la data et de l'IA. Mais seuls 7% parviennent à atteindre leurs objectifs, en raison d'infrastructures industrielles et informatiques inadaptées ou dépassées et d'un manque de compétences.
1 - Baromètre de l’industrie 4.0 - Wavestone en partenariat avec BPI France et France Industrie
Sortir de la logique du Proof Of Concept...
... et penser d’entrée de jeu à la mise à l’échelle.
Le piège c’est “la donnée pour la donnée”, relevée sans stratégie, et de rester coincé au stade du Proof Of Concept (POC) avec un cas d’usage développé en dehors des contraintes normales des opérations.
S’équiper en capteurs, avoir une stratégie de mesure tournée vers un objectif précis, fiabiliser, stocker de façon sécurisée et accessible pour traitement, sont des pré-requis qu’aujourd’hui tous les industriels n’ont pas. La mise en place d’une telle infrastructure (Industrial data infrastructure) prend du temps. Ainsi, Michelin, avec 72 sites de production, a débuté son projet en 2017, bien avant l’engouement médiatique pour l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, on estime à seulement 30% la part d’acteurs s’étant doté de telles infrastructures complètes.
Au-delà des défis, l’IA est aussi un facteur d’attractivité pour une industrie en quête de talents
L’enjeu est donc d’accélérer la digitalisation de l’industrie en assurant les investissements nécessaires à la création d’infrastructures de données à grande échelle et en formant ceux qui, dans les usines, mettront en œuvre ces innovations.
La bonne nouvelle, c’est que toute une génération de jeunes trouverait ainsi un facteur d’attractivité capital pour rejoindre les rangs de l’industrie qui recherche 110 000 nouveaux talents2 par an jusqu’à 2035 !
2 - Les synthèses de la Fabrique de l’Industrie – Pénurie de compétences et réindustrialisation : un étonnant paradoxe