Paris, le 18 mars 2021 – EcoAct, société du groupe Atos experte en climat et acteur de terrain, en partenariat avec Interxion : A Digital Realty Company, Schneider Electric France et le Parc national des Calanques, lancent le projet de recherche « Prométhée - Med ». Ce projet vise à établir la première méthodologie de certification des mesures de conservation et de préservation des herbiers marins dans le cadre du Label bas-carbone, avec un premier site pilote au sein du Parc national des Calanques en Méditerranée.
La protection des herbiers marins : atout de la lutte contre le réchauffement climatique
Les herbiers marins jouent un rôle majeur dans la régulation du climat et la préservation de la biodiversité mondiale. Hautement diversifiés et productifs, ces écosystèmes assurent des fonctionnalités écologiques importantes (frayère, nurserie…) et abritent entre 4 et 18 % des espèces marines, alors que leur surface représente moins de 2 % de la surface totale des océans.
Endémique de Méditerranée, l’herbier de Posidonie (Posidonia Oceanica), joue également un rôle clé dans le maintien des équilibres biologiques et physiques de cette mer semi-fermée. Il se distingue aussi par des capacités exceptionnelles en termes de stockage du carbone. En effet, l’herbier stocke jusqu’à 1500 tonnes de carbone par hectare, soit 3 à 5 fois plus que les forêts tropicales, et jusqu’à 7 fois plus qu’une forêt de feuillus française[1], sur des millions d’hectares et sur des centaines d’années. Les herbiers rendent également d’importants services écosystémiques en contribuant à la protection du littoral contre l’érosion, en soutenant la pêche côtière, ou en encore jouant un rôle de filtration dans la colonne d’eau.
Pourtant, entre 13 % et 38 % de la surface des herbiers marins ont disparu depuis 1960[2]. Concernant la Posidonie, bien que réglementairement protégée, elle perdrait chaque année 1,5 % de sa surface.
Le changement climatique, l’artificialisation des fonds marins, la pollution, les mauvaises pratiques de pêche et le mouillage des navires qui arrachent les plantes avec leurs ancres sont parmi les principaux facteurs de perte d’herbiers. Leur dégradation – en plus de détruire des écosystèmes clés – provoque donc une destruction importante de stocks carbone. Leur régénération permet au contraire d’augmenter ces stocks.
Dès lors, la protection des herbiers marins constitue une solution fondée sur la nature mettant à l’honneur le « carbone bleu » et ouvre de nouvelles perspectives pour atteindre l’objectif mondial de zéro émission nette fixé par l’accord de Paris, ainsi que la neutralité carbone actée par la Stratégie nationale bas-carbone française.
Un partenariat né à Marseille pour la protection des herbiers de Posidonie et la certification de projets bas-carbone en France
Le projet « Prométhée - Med » est né de la rencontre entre Interxion et le Parc national des Calanques dans le cadre de l’initiative Entrepreneurs pour la Planète, avant d’être rejoint par Schneider Electric France et EcoAct.
" Nous sommes ravis de contribuer à la mise en place d’une méthodologie permettant la certification de projet de conservation et de restauration des herbiers marins, directement sur le sol français. Les Solutions fondées sur la Nature constituent un élément essentiel d’un avenir durable alliant zéro émission nette, équité et préservation de l’environnement. ", déclare Roman de Rafael, Nature-Based Solutions Head of Project Development, EcoAct.
" Parce qu’il vise à évaluer le prix du carbone bleu au regard des actions permettant d’éviter la destruction d’un habitat naturel clé de voûte en Méditerranée, ce projet rentre pleinement dans les objectifs du Parc national et de ses missions de protection du milieu marin. Si le projet aboutit, le Parc national pourra intégrer le marché carbone en tant que bénéficiaire et ainsi financer les aménagements prévus dans le cadre de son schéma global de mouillage, ainsi que les actions de surveillance et de gestion permettant une protection effective de l’herbier. " déclare François Bland, directeur du Parc national des Calanques.
"En tant que leader européen de solutions de data centers de colocation neutre vis-à-vis des opérateurs télécoms et des fournisseurs de cloud, présent à Paris et Marseille, nous sommes heureux de soutenir la promotion du Label bas-carbone français. Cette étape vient renforcer notre engagement pris au niveau mondial en matière de développement durable visant à réduire de 68 % nos émissions directes et de 24 % nos émissions indirectes d’ici à 2030, et ce conformément à un scénario de changement climatique inférieur à 1,5 degrés[3]. De plus, Interxion France a annoncé sa neutralité carbone pour le scope 1 et le scope 2 fin 2020. Il s’agit d’une formidable opportunité de développer une méthodologie de compensation carbone basée sur les herbiers marins pour la première fois sur le territoire métropolitain français, qui pourra bénéficier au Parc national des Calanques, et à l’avenir, aux entreprises désireuses d’agir pour l’environnement. " indique Fabrice Coquio, président d’Interxion France.
" Depuis 2004, Schneider Electric agit pour la préservation de la planète au travers de multiples programmes. Le dernier en date, SSI[4], a notamment pour objectif d’atteindre d’ici à 2025 la neutralité carbone fixée lors de la COP21 au sein de notre écosystème étendu, en permettant aux clients du Groupe de réaliser des économies de CO2 supérieures à notre propre empreinte carbone. Au-delà de notre enthousiasme, c’est donc le fruit de nombreuses années d’engagement et de pratiques durables que nous déployons pour ce projet aux côtés d’Interxion, d’EcoAct et du Parc national des Calanques", mentionne Elena Fedotova, VP Secure Power, Schneider Electric France.
Un projet pilote en plusieurs étapes
Plusieurs étapes seront nécessaires avant de soumettre cette nouvelle méthodologie à la DGEC au sein du MTES dans le cadre du Label bas-carbone :
- Le dépôt d’une notification de projet de méthodologie auprès de la DGEC annonçant l’intention de créer une méthodologie Label bas-carbone couvrant les herbiers marins.
- Un travail d'identification et de synthétisation de la littérature scientifique et technique autour de la dynamique carbone des herbiers de Posidonie ainsi que des différentes mesures de conservation et de régénération existantes est en cours.
- La création d’un outil de calcul carbone qui reprendra l’ensemble des valeurs d’une part et les croisera aux potentielles activités à mettre en œuvre d’autre part, avant d’être testé avec le Parc national des Calanques.
- L’écriture de la méthodologie, forte de ces analyses et tests, en vue d’une validation par la DGEC et permettant ensuite de certifier les projets.
- La rédaction d’un premier « Document de Projet Pilote » adapté au site du Parc national des Calanques et insérant ses activités dans le cadre méthodologique proposé.
- La diffusion des résultats du projet est prévue pour début 2022.
Le projet sera abouti dès lors que la méthodologie sera acceptée par le MTES et que le site pilote sera certifié dans le cadre du Label bas-carbone.
Footnotes
- ^ [1] Pour se donner un ordre de grandeur, en s'appuyant sur les données de l’outil ALDO de l’ADEME, on peut estimer qu’un hectare de Posidonie stocke jusqu’à 7 fois plus de carbone qu’une forêt de feuillus française.
- ^ [2] Marbà et al. 2014
- ^ [3] Basés sur des objectifs « Science-Based Targets Initiative (SBTi) »
- ^ [4] Schneider Sustainability Impact